Plomb dans Notre Dame de Paris

On en entend beaucoup parler depuis le milieu de l’été : l’incendie de Notre-Dame de Paris a entraîné une pollution au plomb dans la capitale et notamment aux alentours de la cathédrale. Le 18 juillet 2019 l’ARS (Agence Régionale de Santé) de l’Île-de-France a publié les résultats des analyses des concentrations au plomb autour de Notre Dame. Les résultats sont impressionnants : aux alentours de la cathédrale on trouve jusqu’à 400 fois le seuil réglementaire de plomb. Quel peut être l’impact de cette pollution sur la santé ? Quels sont les mesures et équipements à adopter pour protéger la santé des travailleurs et ouvriers intervenant sur les chantiers de décontamination et de reconstruction ?

Le plomb à Notre-Dame de Paris

Cathédrale Notre-Dame de Paris

L’origine du plomb à Notre Dame

Édifiée à partir de 1163, avec une construction qui durera presque deux cent ans, puis rénovée de 1844 à 1864 par l’architecte Viollet-le-Duc, Notre-Dame de Paris compte parmi les symboles parisiens les plus importants. La cathédrale de l’île de la cité au cœur de Paris fait partie intégrante de l’histoire de la ville, de l’histoire de France et est classée au patrimoine mondial de l’humanité. Fruit de nombreuses techniques, matériaux et outils de construction, la cathédrale a traversé les siècles jusqu’à nos jours grâce notamment à de nombreux matériaux et techniques de construction telles que l’utilisation du plomb. A l’instar de nombreux monuments historiques la couverture du toit de Notre-Dame a été réalisée en plomb dès sa construction (1326 tuiles de 32 centimètre pour un poids de 210 tonnes). Le plomb a de nouveau été utilisé lors de la rénovation de 1843 (plaques de plomb agrafées et soudées). À cette même époque la cathédrale se voit dotée d’un nouvel élément de plomb et de bois : la flèche de 725 tonnes dont 250 de plomb. Ce matériau a également été utilisé pour les tuyaux d’évacuation de l’eau de pluie, pour les toits et l’esplanade terrasse des tours.

L’incendie de Notre-Dame et la pollution au plomb

Le 15 avril 2019 l’incendie de Notre-Dame se déclare en fin d’après-midi dans la charpente de l’édifice. Appelée « la forêt » - imposante charpente (120 m de long, 10m de hauteur, et qui a nécessité 21 hectares de forêt pour être complétée) supportant le toit de plomb et la flèche de la cathédrale – sera en flammes pendant plus de 10 heures. L’incendie ravageur détruit la charpente et la toiture, provoque l’effondrement d’une partie des voûtes de l’édifice, et détruit la majorité des œuvres d’art et objets cultuels historiques présents à l’intérieur de la cathédrale. Parmi les rejets de combustion dus à cet incendie, la fonte des centaines de tonnes de plomb présent a généré des oxydes et des particules de plomb. La pollution aux particules de plomb mesurée après la catastrophe autour de la cathédrale est particulièrement importante. Alors qu’une présence moyenne en temps normal dans Paris est estimée à 5000 microgrammes de plomb par mètres carrés, aux alentours de Notre-Dame et des quartiers environnants les relevés suite à l’incendie indiquent une présence de plomb de 20 000 à 50 000 µg/m2 et au-delà. Ces niveaux très élevés de poussières de plomb sont en mesure d’avoir des effets sur la santé et l’environnement. Ces résultats nécessitent donc la prise de précautions pour les riverains ainsi que pour les travailleurs du chantier de déblayage et de reconstruction de Notre-Dame de Paris. Les autorités locales ont entamé la mise en place d’un plan de décontamination sur la zone au milieu de l’été 2019.

Le risque plomb à Notre-Dame

Les effets du plomb sur la santé

Le plomb est un métal lourd classifié comme toxique, mutagène, reprotoxique et écotoxique. Cet élément est également considéré comme cancérogène (par le CIRC). La dangerosité du plomb tient dans l’exposition aux particules ou fumées qui, si elles sont inhalées ou ingérées, peuvent entraîner de nombreux effets sur la santé. L’intoxication aiguë ou chronique est désignée sous le nom de saturnisme et se définit pas une plombémie supérieure à 50 μg/L (microgramme par litre de sang). Les symptômes de cette maladie sont nombreux : maux de tête, vomissements, douleurs abdominales, troubles psychomoteurs, paralysie, anémie, dysfonctionnement du système gastrique et des reins, hypertension artérielle, stérilité masculine, intoxication du fœtus entraînant des retards et troubles du développement, encéphalite mortelle et comma. L’exposition au plomb, sans atteindre le seuil officiel de déclaration du saturnisme, peut également déclencher quelques-uns de ces symptômes.

Dangerosité des poussières de plomb à Notre-Dame

La présence de particules de plomb à des niveaux élevés aux alentours de Notre-Dame est susceptible d’engendrer une intoxication au plomb de la population évoluant dans cette zone. Le risque d’inhalation et d’ingestion de poussières de plomb déclenchant de nombreux troubles pour la santé est une possibilité. C’est pourquoi les autorités préconisent des gestes simples de prévention (interdiction au public, nettoyages réguliers pour éviter la contamination, ne pas mettre en bouche les mains et objets en contact avec le sol et le mobilier urbain) et s’affairent à la décontamination des zones touchées (notamment écoles, parvis de la cathédrale, parcs et jardins, etc) et préconisent un dépistage du saturnisme pour les populations à risque (enfants, femmes enceintes).

Au-delà du danger potentiel concernant la population parisienne, le site de Notre-Dame représente un plus grand danger pour les ouvriers et intervenants sur le chantier de reconstruction sur le site même de l’incendie. En effet les décombres et l’édifice qui a survécu aux flammes constituent le lieu d’une pollution aux particules de plomb particulièrement intense (jusqu’à 1 300 000 µg/m2 de plomb mesurés sur le parvis). Le travail sur site doit être donc être particulièrement encadré et réalisé dans les meilleures conditions de protection. Il en est de même pour les travailleurs et intervenants dans la dépollution des sites à risque : pour ces personnes exposées aux poussières de plomb de manière chronique il est primordial d’utiliser des équipements de protection plomb adéquat (protection des voies respiratoires notamment).

Les équipements de protection plomb

Protection respiratoire contre le plomb

La pollution au plomb due à l’incendie de Notre-Dame constitue un véritable danger pour la santé des ouvriers et individus intervenant sur le chantier de la cathédrale. Face à cette exposition au plomb sur site le premier geste de sécurité à adopter est l’utilisation d’un EPI plomb : un masque à ventilation assistée équipé d’un filtre P3 (masque anti-poussières). Contrairement à un masque gaz filtrant classique, ce type d’équipement de protection respiratoire offre une protection efficace pour son utilisateur sur une longue période. La ventilation assistée est un système à pression positive qui apporte de l’air filtré dans le masque respiratoire. Le porteur d’un masque à ventilation assisté, tel le masque Phantom vision de Scott safety, n’a donc pas à réaliser un effort respiratoire trop important et peut porter ce type d’appareil sur une longue durée.

masque à ventilation assistée phantom

Le port d’un masque à ventilation assisté muni d’une cartouche filtrante P3 permet d’assurer une excellente protection contre les poussières et particules de plomb présentes sur le site de Notre-Dame. Différents types de masques sont raccordables à un appareil à ventilation assistée cependant pour une protection complète contre le plomb il faut adopter un masque complet qui couvre l’ensemble du visage protégeant les yeux de toute projection ainsi que les voies respiratoires (empêchant l’inhalation et l’ingestion de plomb).

Autres équipements de protection plomb

Afin de prévenir l’intoxication au plomb du personnel évoluant sur le site de Notre-Dame ou participant à la dépollution, d’autres équipements doivent être utilisés et mis en place comme par exemple des douches de décontamination et le port d’une combinaison à usage unique (jusqu’au sous-vêtements jetables) sur le lieu pollué. Certaines règles préventives doivent également être respectées : ne pas manger, boire, fumer sur les lieux contaminés, séparer les vêtements de travail et les tenues de villes, humidifier les zones de travail pour éviter la dispersion de particules de plomb aux alentours de Notre-Dame, filtrer les eaux de rinçage, procéder à un dépoussiérage par aspiration, gel désincrustant ou ultra-haute pression avec détergent tensioactif.

Le respect de l’ensemble de ces recommandations, le port d’un masque à ventilation assistée et la vigilance des ouvriers, travailleurs et intervenants sur les sites pollués constituent les meilleurs moyens de protection face au danger que représente le plomb de Notre-Dame.